Ce soir à 21h sur CANAL+, la chaîne propose en exclusivité le film Visions, un thriller psychologique sous haute tension signé Yann Gozlan. Avec Diane Kruger dans un rôle à la fois trouble et bouleversant, accompagnée de Mathieu Kassovitz, Marta Nieto, Amira Casar et Grégory Fitoussi, le film plonge dans les méandres d’une mémoire fragmentée, des désirs enfouis et d’une réalité qui se dérobe peu à peu. Porté par une mise en scène soignée et une photographie léchée, Visions mêle sensualité et paranoïa avec un art maîtrisé du suspense. Le scénario, à tiroirs, avance à pas feutrés avant de basculer dans l’angoisse. Une œuvre forte qui parle autant du poids du passé que de la fragilité de nos certitudes.
Une vie bien rangée… jusqu’à la faille
Estelle, interprétée par Diane Kruger, est une pilote de ligne exemplaire. Sa vie semble parfaitement orchestrée entre son métier prenant et sa vie de couple avec Guillaume (Mathieu Kassovitz), un médecin respecté et attentionné. Leur quotidien, baigné de complicité et d’amour tranquille, incarne une forme d’équilibre presque irréprochable. Mais un détail suffit parfois à tout fissurer. Lors d’une escale, Estelle recroise Ana, une photographe espagnole (Marta Nieto) avec qui elle a eu, plusieurs années plus tôt, une relation amoureuse intense. Ces retrouvailles vont raviver une part d’elle-même longtemps enfouie, réactivant des souvenirs, des émotions, des pulsions. Et progressivement, ce qui semblait être un simple trouble sentimental devient une spirale vertigineuse, où la frontière entre réalité et fantasme s’efface.
Le vertige des émotions et la perte de repère
Le film explore avec une acuité rare les mécanismes de la mémoire et du refoulé. Estelle se retrouve rapidement prise dans une succession d’événements qui échappent à toute logique. Des objets déplacés, des rendez-vous oubliés, des scènes dont elle se souvient sans savoir si elles ont eu lieu… Le spectateur, comme l’héroïne, est plongé dans un climat de confusion sensorielle. Diane Kruger, troublante et magnétique, incarne cette femme déstabilisée avec une intensité remarquable, tandis que Marta Nieto apporte à Ana une ambiguïté sensuelle et inquiétante. Yann Gozlan distille les indices avec parcimonie, jouant avec le spectateur comme avec son personnage principal. À mesure que les visions d’Estelle se font plus insistantes, le doute s’installe : Est-elle victime d’un complot ? D’une manipulation ? Ou bien est-elle en train de sombrer dans la folie ?
Un cauchemar élégant et psychologiquement ravageur
Visions n’est pas seulement un thriller, c’est aussi une histoire d’amour contrariée, de passion interdite, de blessures jamais refermées. L’homosexualité d’Estelle, longtemps tue, surgit comme un révélateur de son mal-être intérieur. Le film ne cède jamais à la facilité et assume ses ambivalences, ses silences, sa lente montée en tension. La réalisation, à la fois clinique et sensuelle, offre un écrin hypnotique à cette descente aux enfers. Amira Casar, dans un rôle secondaire mais essentiel, et Grégory Fitoussi, toujours juste, renforcent ce sentiment d’étau qui se resserre autour de l’héroïne. Avec Visions, CANAL+ propose un thriller rare dans le paysage français, audacieux dans sa forme comme dans ses thématiques, qui laisse une empreinte durable une fois les lumières éteintes.